dimanche 30 novembre 2014

Le GES 2014: les chercheurs marocains inéxistants ou ignorés?

Par curiosité, j'ai passé en revue l'ensemble de la liste des 'speakers' (http://www.gesmarrakech2014.org/en/program/speakers) au GES tenu à Marrakech la semaine dernière et n'y ai pas vu un seul représentant de la recherche marocaine dans le champ des sciences économique ou bien dans les sciences dures et les technologies. Seule la participation d'un professeur américain travaillant à l'Université Al Akhawayn permet de dire qu'il y a eu une contribution locale.
Le constat est désolant et induit deux hypothèses. La première qui serait franchement déprimante est que les chercheurs locaux n'auraient absolument rien à dire sur l'entrepreneuriat dans le pays qui organise un grand sommet mondial sur le phénomène. En outre, si les universitaires locaux n'ont rien à dire sur l'entrepreneuriat, faudrait-il en déduire qu'il ne fait pas non plus de leurs activités de formation? Si tel est le cas, il est urgent de lancer une grande initiative nationale pour introduire l'entrepreneuriat au coeur du système marocain d'enseignement supérieur et de recherche.
Comme je connais quelques collègues marocains qui font de leur mieux avec peu de moyens pour introduire l'entrepreneuriat dans leur établissement d'enseignement supérieur, je sais que la première hypothèse n'est pas tout à fait vraie. Il existe quelques poches entrepreneuriales dans l'enseignement supérieur marocain, notamment dans de grandes écoles publiques et privées. Il conviendrait de faire un bilan objectif de ces initiatives et d'examiner comment les autorités de tutelle pourraient prendre appui sur elles pour diffuser la culture entrepreneuriale dans le système d'enseignement supérieur et de recherche.
Sachant que la première université marocaine apparaît au 30ème rang seulement dans le monde arabe, selon le classement du US News and Report, l'entrepreneuriat pourrait constituer un levier plus facile et moins coûteux que la recherche fondamentale pour améliorer cette position.
La deuxième hypothèse serait que les organisateurs du GES ne se sont pas donné la peine de chercher des contributeurs dans le système universitaire marocain. Si cette hypothèse avait une once de vérité, ils auraient rendu un bien mauvais service à leur pays en laissant penser aux participants, américains et autres, au GES que la thématique entrepreneuriale est entièrement étrangère à l'enseignement supérieur et à la recherche marocains.
Ne vivant pas sur place pour pouvoir dire, avec un peu plus de certitude, laquelle des deux hypothèses est vraie, je soupçonne qu'il y aurait un peu de vérité dans les deux.
Un peuple qui n'aime pas ou qui n'a pas confiance dans ses intellectuels est condamné à toujours chercher ses maîtres à penser ailleurs.

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